ENTREVUE

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LA DISCUSSION (dé)FRAGMENTEE /Mai 2021



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Je ne réponds généralement à aucune question, mais OK.
Qui-est-tu?
Artiste audiovisuel, graphiste, compositeur de musique électronique, sculpteur de vortex et tailleur de pierre. Entre autres.
En ce moment je passe mon temps à remixer des idées comme je manipule les images.
J’ai toujours gravité dans les milieux artistiques, balancé entre l’art contemporain, la culture underground et la scène électro. J’ai longtemps vadrouillé en Europe pour des soirées et des festivals techno.
Je me suis nourri des nombreuses vies que j’ai déjà pu vivre et aujourd’hui, mes démarches artistiques ne sont qu’une réminiscence de tout ce que j’ai pu assimiler comme culture/nourriture.

J’ai toujours décliné mes projets sous une multitude d’identités.

Pour faire mes trucs j’utilise des outils intelligents,
mais moins que moi j’espère.
C’est sûr que non. 🙂

Je travaille de manière simultanée sur plusieurs choses différentes en général.
Cela peut parfois avoir tendance à être contre-productif mais je trouve toujours de meilleures idées en mélangeant les processus.
Quand je me plonge dans mon travail, il y a une inter-opérativité intrinsèque qui est, je pense, le processus lui-même. Ce que je m’efforce de rechercher, c’est la maîtrise de la compréhension des choses et non ce qu’elles pourraient être réellement.
Cela nous échappe inévitablement, car c’est cela même qui nous pousse à les faire. Une sorte d’instinct
Le libre-arbitre, c’est là que le facteur humain devient important.
Je dois souvent changer de pseudo pour échapper à mes propres dogmes.
L’idée de pouvoir repartir de zéro de manière illimitée est peut être une façon de comprendre l’éternité.
Les boucles et les récursions sont très appréciées par notre cerveau qui cherche constamment des motifs partout. Ceux qui lui permettent de se forger une représentation géométrique, logique et séquentielle du monde.
J’aime le vertige de la mise-en-abyme, son côté fractal a quelque chose de très biologique, naturel.
Je suis fasciné par les notions d’échelles, notamment au niveau astrophysique. Je trouve la vertigineuse simultanéité du monde fascinante.
J’aime être à mi-chemin entre l’abstrait et l’évident.
Il y a toujours un équilibre délicat entre ce qui est représenté et ce que l’observateur veut voir.
J’aime regarder le temps transformer les choses, souvent elles se dégradent de façon lente et immuable. Ce que je recherche quand je crée, ce n’est pas ce sentiment de maîtrise des choses, c’est d’avoir cette sorte d’effet inverse sur elles justement.
J’aime être au cœur de ce moment où l’entropie m’observe d’un air perplexe.
Mais elle sait très bien que je finirai par douter.
Je crois que c’est une voie que j’assume aujourd’hui, car je l’ai comprise et intégrée dans mon processus de création : chaque plus petit élément contient toutes les informations de l’ensemble. C’est ce qui fait, je crois, que tout semble coordonné autour de nous.
Je me questionne sur la nature de la séparation entre le corps et la conscience. Ou si l’un d’entre eux serait une illusion.
J’aime l’impression d’une chose insaisissable, voire inexplicable. Ce dont je me rends compte depuis peu, c’est que j’aime sentir, par dessus tout, le feu des choses. Celui qui brûle en dessous…
Pour moi, un artiste libre doit pouvoir échapper aux diktats.
Pourtant il n’est jamais facile de ne pas tomber dans le cliché esthétique.
Pour comprendre ce que nous voyons, nous devons nous comprendre nous-même, notre regard sur le monde en dépend.
Mais la première question est :
Parlons-nous de la même chose ?
En créant, j’offre la liberté, celle du temps des rêves.
Il faut consommer ce temps, poétique et inspirant.
C’est une façon d’avoir un impact sur le monde, d’y répondre.
Je pense que montrer les choses ne suffit pas, il faut les penser pour qu’elles existent.
La priorisation hiérarchique de nos choix détermine nécessairement les sacrifices de toutes les autres possibilités, et par respect pour l’idée, j’essaie de lui laisser toujours un espace d’expansion, une amplitude.
Faire des choses nous pousse aussi à nos limites, et elles sont parfois difficiles à accepter.
Nous ne sommes finalement que des animaux dénaturés.
La plus grande question est : De quelle machine sommes-nous dans les rouages ?
Et si la fonction crée l’organe, mais alors de quelle fonction sommes-nous l’organe?